À mi-chemin entre l’outrance kitsch et la fascination pour la lente nécrose de la middle class américaine d'un John Waters et la rouerie féminine doublée de l’aspect rugueux d’un film de Claude Chabrol, May December est une merveille d’intelligence et de perversité. 

Pour cette étude trouble sur la psyché de deux femmes, Todd Haynes use d'une mise en scène feutrée, entre soap opéra étonnante et film d'enquête nébuleux.

Délicieusement vachard, drôle et tragique, May December mixe les tons pour un très grand plaisir de cinéma.

May December est autant un rendez-vous avec une idée du bonheur américain qu'une étude tortueuse sur le vampirisme. Du genre à embarquer les spectateurs dès les premiers plans, sans parler de ces accords de piano-mélo de Michel Legrand (Le messager de Losey).

Le réalisateur de Carol orchestre avec une maestria narrative et formelle la rencontre de deux femmes avec les interprétations vertigineuses de Natalie Portman et Julianne Moore.

Piochant dans une palette allant du drame rigoriste au soap opera, Natalie Portman et Julianne Moore l'accompagnent dans cette entreprise de déconstruction dissimulant, sous des réjouissants excès, une étude complexe du consentement.

Julianne Moore et Natalie Portman fascinent dans deux partitions en miroir.

Todd Hayne réussit un film incroyablement complexe, traversé d'affects troubles et peuplé de secrets.

Transposant un fait divers, Todd Haynes, grand filmeur de femmes, excelle à créer une atmosphère étrange, faite de non-dits et de menaces.